Étrange sensation que d’être autant inscrit dans le monde d’aujourd’hui tout en ayant les racines dans un monde qui n’existe plus.
Notamment celui où la culture de l’effort, seul véritable chemin d’accès à la réalisation du désir – lequel autrement reste à l’état de velléité – ne faisait pas débat tant elle était une évidence empirique et philosophique.
De tous temps, on savait qu’on ne récoltait que ce que l’on semait.
Ces temps sont révolus.
Tout au long de l’histoire de l’humanité les pouvoirs ont développé des stratégies en trompe l’œil pour éteindre l’esprit critique en donnant l’illusion de liberté au peuple, certaines immortalisées dans des expressions telles que « du pain et des jeux ».
De même, pour mieux servir ses desseins de conquête et de maintien du pouvoir, l’idéologie dominante du troisième millénaire, qui s’exerce notamment par l’abrutissement collectif orchestré, flatte et favorise la logique pulsionnelle du moindre effort, de la jouissance totale et immédiate, et vante le confort maximum comme graal civilisationnel.
Le pathogène de cette autre forme de « servitude volontaire » commence à être inoculée dès l’école qui est une fabrique de parpaings uniformes, standards et majoritairement non-pensants, voués à être empilés et collés pour permettre de facilement bâtir une société orthonormée servant les desseins politiques pulsionnels sans avoir à réprimer des controverses et autres contestations dérangeantes et coûteuses.
Car à force de ne pas solliciter la fonction de l’effort – quel qu’il soit, et celui de la pensée – elle s’atrophie et s’inhibe progressivement faute de stimuli, rendant l’individu totalement inapte à impulser sa propre dynamique désirante, et dépendant de ce qui lui est servi comme l’illusion d’une jouissance parfaite puisque sans coût.
Mais en réalité, trop de confort lui est délétère… le rend triste, malade et idiot
« Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »